Biographie
Photo : © Sandra Larochelle
Aline Apostolska, libre trajectoire
Parisienne devenue Montréalaise, Aline Apostolska (née Bernarda Alina Apostolska) a acquis la nationalité Canadienne au printemps 2014 et possède à présent une double nationalité française et canadienne. Polyglotte (elle parle et écrit 5 langues, français, anglais, espagnol, croate et macédonien) et voyageuse, elle possède une licence d’Histoire (Université Denis Diderot Jussieu – Paris VII) acquise en 1983 à Paris, un diplôme de l’Institut des Métiers de l’Édition (Asfored) complété en 1993 à Paris ainsi qu’un certificat en espagnol (niveau 3) délivré par l’Institut Linguistique de Montréal.
Journaliste culturelle depuis 35 ans, pour la presse écrite, la radio et la télévision, elle a toujours été très active dans la communauté littéraire internationale, notamment pour la liberté d’expression mais également les droits d’auteur des écrivains. Depuis 1986, elle a publié 44 livres pour lecteurs adultes et jeunes, et certains sont traduits dans d’autres langues. Elle a reçu le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada en 2012 ainsi que d’autres prix internationaux.
Paris
Aline arrive à Paris à 3 ans. Née à Skopje, ex-Yougoslavie actuelle Macédoine du nord, elle rejoint ses parents qui vivent avenue Victor Hugo (16ème) depuis la fin des années 1950. Son père alors travaille à l’Ambassade de Yougoslavie, missionné à l’Unesco. Renvoyé de l’ambassade en 1966 après qu’il a été découvert qu’il était déserteur de l’Armée yougoslave, pas marié et non membre de la Ligue des communistes yougoslaves, et ayant refusé de régulariser sa situation, il rentre au service du milliardaire Ferdinand Beghin comme chauffeur de maître de 1966 à 1973. Ayant dû quitter le logement de fonction de l’avenue Victor Hugo, les parents d’Aline vivront désormais avec leur fille chez Ferdinand Beghin, rue Octave Feuillet, au-dessus du Jardin du Ranelagh qui deviendra le jardin d’enfance de la petite Aline, ainsi que le Bois de Boulogne, alors exempt de périphérique, et le Pré Catelan, jusqu’à la pré adolescence car la famille, ayant acheté un appartement à Courbevoie y déménagera en 1973, après que Ferdinand Beghin a renvoyé le père d’Aline. Celui-ci deviendra alors le chauffeur privé du producteur de films, Raymond Danon durant près d’une décennie, avant de devenir représentant de la ligne Sport de la marque Daniel Hechter pour la Suisse et l’Allemagne, jusqu’à sa retraite en 1997. Après une relation conflictuelle et houleuse, les parents d’Aline finissent par divorcer en 1979. Son père se remarie un an plus tard et demeurera à Paris, la ville qu’il a choisi dès l’âge de 20 ans, jusqu’à sa mort en 2018. La mère d’Aline s’est remariée en Croatie avec un Dalmate d’origine vénitienne né à Moscou, et elle vit toujours sur l’île de Hvar, au large de Split. La fratrie d’Aline est composée d’un frère, un demi-frère, une demi-sœur. Partie définitivement de son pays natal en 1964, elle n’a cependant pas perdu le contact avec sa famille qu’elle visitait chaque été. Elle n’a jamais parlé autrement que français avec ses parents, et frères et sœurs. Si elle a conservé un serbo-croate et un macédonien à peu près courants, c’est grâce à sa famille yougoslave et notamment pour pouvoir garder le contact avec sa grand-mère paternelle qui l’a élevée petite et est demeurée un lien affectif fondateur et fondamental pour elle jusqu’à la mort de sa grand-mère survenue lorsqu’Aline avait 23 ans.
Après ses études primaires à l’école de filles de la rue Gustave Zédé (Paris 16ème), sa famille déménage donc à Courbevoie et elle poursuit ses études collégiales au Collège Victor Hugo, à Courbevoie (Hauts de Seine) où est situé le foyer familial paternel, elle finit de brillantes études secondaires au réputé Lycée Pasteur à Neuilly/s/Seine (Hauts de Seine) et obtient un Baccalauréat B (économique et social) avec mention, puis entre en hypokhâgne au lycée Pasteur. Partout félicitée comme une élève douée et brillante, son indiscipline est aussi notoirement citée. Au milieu de cette première année d’hypokhâgne, sur un parcours qui aurait dû la conduire à l’École Normale (selon la vision de ses enseignants et conseilleurs pédagogiques), elle disparaît littéralement en Angleterre pendant tout une année. Puis revient à Paris et reprend des études en Histoire (après avoir hésité entre philo, lettres, histoire elle choisit cette dernière par besoin de comprendre le monde, ce qui demeure le leitmotiv central de sa vie).
Tout en poursuivant ses études d’histoire à Jussieu, elle se lance dans le journalisme et l’animation dès 1981 dans les radios libres (Radio Gilda et Radio Nova) et signe des articles pour des magazines aussi divers que Bwana Magazine, Le Monde de l’Éducation, Lettres Françaises, Calamar, Libération puis, comme journaliste salariée du groupe Filipacchi, pour Lui, NewLook et Paris Match. Début vingtaine, trépidante vie culturelle, artistique et relationnelle parisienne, noctambule, en pleines années sida. Elle devient ensuite Déléguée générale de l’Association des Musées et Centres pour la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (financée par le Ministère de la Culture, et qui conduira à la création de la Cité des Sciences de la Villette), premier gros poste salarié à moins de 25 ans. Elle quittera cet emploi dans estimant après 4 ans estimant en avoir fait le tour. Durant sa première grossesse, elle travaillera au contenu de 2 expositions prévues pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989 à la Cité des sciences de La Villette : Le sang des hommes et Les scientifiques et la Révolution. Son premier fils naît en 1988 à Paris. Aline travaille à RTL où elle fait des chroniques astrologiques, publie deux livres en 1986 et 1987 puis part descendre le Nil comme guide touristique. Jusqu’en 1991 où, ayant reçu l’offre d’un poste de directrice littéraire aux éditions Dangles (spiritualités, traditions, mythologies, religions, psychologie appliquée) elle s’installe à Orléans, à quelque 100 kms de Paris, et y restera jusqu’en 1998, en famille, ayant rencontré le père de son second fils, né en 1995, qui reconnaît également le fils aîné d’Aline et lui donne son nom.
Orléans
Aux éditions Dangles, Aline Apostolska publie une centaine d’ouvrages comme directrice littéraire et directrice de collection. Elle publie plusieurs grands best-sellers internationaux, comme Julia Cameron en français, Debbie Shapiro en français, le dalai-lama en français, Gandhi en français mais aussi René Lachaud, Éric Marié, André Barbault, Joëlle de Gravelaine parmi d’autres… Plusieurs de ces livres remportent des prix et elle en vend les droits en poche à Marabout et 10/18. À la demande insistante de Jean-Yves Anstet-Dangles, PDG des éditions Dangles, Aline Apostolska publie en 1994 sa série d’astrologie Une vision inédite de votre signe astral où elle réunit signe par signe les mythes et symboles de six civilisations afin d’apporter une vision historique et une analyse psychologique approfondie (sans aucune prédiction). Cette série se vendra à plus de 800 000 exemplaires en 3 langues, au long d’une pérennité de plus de 20 ans, jusqu’à ce que l’auteure en rachète les droits en 2016. Partie en famille durant l’été 1997 à Dharamsala, dans l’Utar Pradesh en Inde, au sein de la communauté tibétaine exilée, pour suivre des cours d’astro-médecine avec les astro-médecins du dalaï-lama, elle renoncera à écrire une nouvelle série (qui aurait pu être lucrative) par défiance de la notion de karma et de l’astrologie tibétaine karmique. À la place, elle écrit et publie de nombreux articles et reportages à ce sujet, puis en fera le terreau réel du roman Un été d’amour et de cendres (Prix littéraire du Gouverneur Général en 2012 au Canada). Ayant commencé par la littérature en 1986 avec le recueil de nouvelles Les larmes de Lumir (Éditions Mots d’Homme), elle a publié 2 autres livres sur les mythes et les symboles (notamment Mille et mille lunes au Mercure de France en 1992), un album illustré pour enfants La treizième lune (Bastberg, 1996) puis revient à la littérature avec la publication en avril 1997 de Lettre à mes fils qui ne verront jamais la Yougoslavie (Isoète Éditions) qui connaît un vif retentissement dans les médias français, notamment dans Libération et Le Monde.
Montréal
Fidèle à ce qui semble bien être le moteur intérieur de sa vie (lancer un projet, s’acharner à le réaliser, le réaliser pleinement puis s’en aller vers d’autres territoires), en 1998, après avoir quitté Paris pour Orléans, cette fois elle quitte la France pour le Canada, ou plutôt pour Montréal où lui a été proposé un contrat par Radio-Canada. En effet, depuis 1994, Aline Apostolska donnait des chroniques régulières à l’antenne de la Première chaîne de Radio-Canada, notamment dans les émissions de Richard Cummings. Apprenant qu’Aline Apostolska veut s’installer à Montréal, la direction de la SRC lui propose un contrat et devient son parrain pour permettre son immigration au Québec et au Canada.
Durant 5 ans, Radio-Canada renouvellera le permis de travail d’Aline Apostolska, comme chroniqueuse et animatrice spécialisée en littérature et danse, de la radio à la Première chaîne puis à la feu Chaîne culturelle. Le 1er mai 2004, veille de son 43ème anniversaire, elle obtient la résidence permanente canadienne pour elle-même et pour ses deux fils immigrés avec elle en 1998, respectivement à l’âge de 10 et 3 ans. En désaccord avec la suppression de la Chaîne Culturelle de Radio-Canada (remplacée par Espace Musique) et estimant que rien d’intéressant ne lui est proposé, elle démissionne de son poste salarié à la fin de la saison 2004, après avoir publié un long article dans Le Devoir.
Elle poursuivra par la suite des collaborations sporadiques avec Radio-Canada. Mais son but est atteint : elle s’est fait connaître vite vite grâce à Radio-Canada mais après 10 ans d’antenne (quatre ans depuis les studios de la SRC avenue Montaigne à Paris et six ans à Montréal) elle s’y sent à l’étroit. Ses horizons de fait, suite à cette démission, s’élargissent. Elle s’est surtout fait connaître à la SRC pour ses entrevues d’écrivains 3 fois / semaine à Aux Arts Etc… 2 québécois et 1 français ou traduit en français, ainsi que pour ses émissions de Voyages Littéraires Bleue comme une orange qu’elle a conçue et animée et dont elle publiait chaque semaine une version écrite dans Le Devoir. Mais en 2004, elle veut surtout tenter de se consacrer plus encore à sa propre création.
Néanmoins, elle écrit, selon un contrat de trois articles par semaine, des prépapiers et critiques de danse dans La Presse, de 2001 à 2014. Et depuis 2014 sporadiquement, cette fois dans la rubrique Voyages. Cela après que La Presse soit allée la chercher au Journal de Montréal dont elle a tenu la chronique danse de 2000 à 2001.
De 2001 à 2008 elle dirige également la collection Ici l’Ailleurs chez Leméac où elle demande à des auteurs québécois de renom d’évoquer le lieu de surgissement de leur écriture. Plusieurs prix là aussi dans cette collection : le prix Anne-Hébert pur Hélène Dorion avec Jours de Sable, Aline Apostolska ayant convaincu Hélène Dorion (qui a par ailleurs préfacé son recueil de poésie Au joli mois de mai, VLB, 2001) d’écrire pour la première fois de la prose, un récit, nouveau chemin que Dorion poursuivra. Le prix Graham Fraser pour Linda Leith avec Épouser la Hongrie, Aline Apostolska ayant incité Leith à écrire ce récit en anglais avant de le traduire elle-même pour le publier dans sa collection en français. Le prix Canada-Japon pour Marcher le silence, carnets du Japon de André Duhaime et André Girard.
Aline Apostolska met un terme à sa collection Ici l’Ailleurs en publiant son propre récit Ailleurs si j’y suis (2008) où elle fait le bilan, à la mi-quarantaine de cet attrait pour l’ailleurs qui est à la base de son écriture. Partie publier chez Québec Amérique à partir de 2003 avec L’Homme de ma vie puis Neretva ainsi que des romans jeunesse, Maître du jeu et Les contes de la ruelle, Aline Apostolska reviendra chez Leméac pour publier Un été d’amour et de cendres, qui lui vaudra le prix littéraire – littérature jeunesse du GG 2012.
Elle s’engage auprès de la communauté littéraire comme administratrice du Centre québécois de PEN International (2002 à 2008) puis comme présidente de la Commission du Droit du Prêt Public au sein du Conseil des Arts du Canada (2008 à 2016) où elle a été très active, notamment durant une période très délicate.
Sa création se déploie : elle conçoit, écrit, assure la directrice artistique, la co-production et parfois l’interprétation de chorégraphies danse/littérature pour l’Agora de la danse, 4 fois, en 2005, 2006, 2008, 2010. Se mettant à peindre en 2014, elle expose de grandes toiles symboliques et narratives faites de matières naturelles et de collages repeints, en 2018 au Centre culturel Art Neuf sous le titre Le monde est ma maison.
Durant toute cette période, elle voyage incessamment, devient journaliste de Voyages, envoyée dans divers pays par une agence de marketing touristique new yorkaise. Elle effectue des voyages puis écrit des articles et cela lui va comme un gant!
Ses écrits aussi se diversifient, et se cumulent, éclectisme et prolifération, à un rythme accéléré, parfois jusqu’à 6 livres publiés par an. Notamment pour initier, entre autres publications, une série de thrillers historiques à partir de 2015 (Les aventures de Joséphine Watson-Finn, Éditions Édito) ou des biographies fort remarquées, celle de Jacques Languirand (Éditions de l’Homme, 2014) et de Yves Saint-Laurent (Hugo & cie, 2017). En 2018, elle publie chez VLB Une Ville qui Danse pour mettre en scène dans un roman, le monde de la danse qu’elle connaît si bien à Montréal, et qui a par ailleurs donné Visages de la Danse, la série d’entrevues de chorégraphes québécois sur Canal Savoir, après Les Midis Littéraires, la série d’entrevues d’écrivains, aussi sur Canal Savoir / Télé Québec.
Une grande étape, très importante et symbolique, a été franchie pour elle lorsque certains de ses romans ont été traduits dans ses langues originelles, en macédonien (éditions Ili-Ili, Skopje, Macédoine) et en croate (éditions Zagrebačka Naklada). Également, son roman d’amour Le cœur bleu (2016, Recto-Verso) traduit en espagnol, à Cuba, ainsi qu’Un été d’amour et de cendres.
Et maintenant?
Aline Apostolska poursuit son cheminement d’écriture éclectique et prolifique, concentrée sur ses prochains romans, tout en souhaitant publier moins. 44 livres en 30 ans tout de même, oui mais… Après la mort de son père, en 2018, elle n’a plus écrit, deux ans durant mais assure que ce temps fut positif pour elle, et que le mouvement revient peu à peu…
Elle se consacre aussi beaucoup à la transmission. Ayant commencé à donner des ateliers d’écriture créative en 2004, elle a mis au point une méthode très personnelle et très efficace d’enseigner la création littéraire de longue haleine, roman, récit, recueil de nouvelles. Elle a créé Alinéa Écriture pour regrouper toutes ses activités d’enseignement d’écriture et de publication, et donne désormais ses ateliers tout au long de l’année chez elle ainsi qu’au Centre culturel Art Neuf. Plus d’une trentaine de livres issus des ateliers ont été publiés et beaucoup d’autres sont en cours.
D’autres choses à venir, encore inaccessibles au regard de ses yeux… l’important étant d’écrire et réécrire sans cesse sa propre trajectoire.
Montréal, Juillet 2020